Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Plastic Duck
11 avril 2007

« Doux Jesus! »

Jesu,Conqueror,sorti le 19/02/07.

jesu02

Mise en orbite sur ma bibliothèque multimédia; play… impressions:
Une voix chuchotée presque noyée dans les nappes de sons et les colonnes de guitares… La voix, douce, soupire presque une tendre  mélodie… Je l’entends à peine… J’vais m’allumer une clope tiens, et bronzer dehors.-…

Voila qui est si différent de Godflesh. Ici, point de remaniement de la voix, Conqueror suit son prédécesseur, Silver. Mais cette fois, même le refrain, la tonalité a changée… Non. Définitivement non. La puissance n’est plus dans la force noire. Plus de plongées dans les tréfonds inhumain d’une mêlée écrasante. Ici, Justin Broadrick, l’homme derrière Jesu, et homme derrière feu Godflesh (groupe d’industriel expérimental des 90’s de la banlieue de Birmingham) véhicule au contraire dans Conqueror une litanie éclairée, qui baigne dans la lumière. Certes, les mots que j’utilise font très catéchisme mais il faut savoir que c’est là que Justin Broadrick puise ouvertement les thèmes de sa musique (je dis bien thèmes, hein, pas convictions), et particulièrement dans feu Godflesh, inspiré notamment par la figure de bouc émissaire de Jésus. Avouons tout de même que c’était une sorte de morceau de viande lâché sur terre pour calmer les esprits échauffés! Bref, le poids écrasant de la religion et l’érosion de l’humanité dans une société faites d’extrêmes et de violence froides ont été les piliers de cette musique qu‘on appelait métal/indus; avant d‘être hachée menue en groupes chiants et « gueulards » comme disons, fear factory, qui se réclame tristement de Godflesh...

jesu01

La voix de Broadrick, ow, aux antipodes d’une chanson comme « crush my soul », sur « conqueror » , est si planante, ouatée, qu’elle semble descendre vers vous, et est susurrée à l’oreille naïvement… J’en reste béate. Plus question ici de secouer la tête comme un malade jusqu’à ce que la cervelle sorte par vos nasaux, il s’agirait plutôt de dériver lentement au soleil avec la fumée d’une cigarette voltigeant autour de la tête. Car oui, le corps n’est plus souffrance, il n’existe même plus dans Jesu. Bravo. C’est vraiment la résurrection! Comme la plupart des chansons de Jesu, la musique se laisse entrouvrir lentement mais sûrement, et les différentes parties des morceaux s’impriment progressivement comme des photos dans les oreilles. Par vagues, on découvre l’étendue des sons, les nappes incessantes de guitare, et les samples  rayonnants, haut perchés par toute cette armature sonique. C’est  une musique à ciel ouvert, qui a besoin d’espace et d’oxygène, continuant sur « old year » et en berceuses électriques comme dans « medicine ».

Je dis que Godflesh est bien loin, mais les fantômes du monstre restent. Ce goût pour l’utilisation de sons de guitares surpuissants et abrasifs, remarquable dans « transfigure », qui commence quasiment comme « like rats » (un morceau de 1989); additionné à ce rythme lent et très affirmé, opposé à l’apparition de sons beaucoup plus aigus qui virevoltent au climax des refrains, tout ça, existait déjà, du premier opus éponyme de 1988, jusqu’à  Hymns en 2001, avant la séparation de l’ancien groupe de Broadrick. Mais la terreur à laissé place à l’apaisement, Jesus est revenu parmi les siens! (j’aurais largement pût me passer de ce jeu de mot débile, navrée).

Le projet Jesu est pour ma part, la meilleure chose que pouvait créer ce gamin précoce des 80’s qui tarabustait déjà des machines dans Final, son premier groupe, âgé de tout juste 12 ans. La richesse de Broadrick réside en effet en partie dans son parcours. Mais si vous ne connaissez pas, je vous encourage vivement à jeter une oreille sur Conqueror, j’ai beau faire de charmants flash-back, l’innovation reste de mise ici, et vous pourriez bien tomber dans la béatitude Jesu. Après tout les groupes sur lesquels j’ai pu tomber, je dois dire que je n’ai jamais rien entendu de pareil à Jesu. Certains éléments rappellent Pelican ou Isis, voir pourquoi pas, des idées aériennes comme dans Spacemen 3 ou même M83, mais rien ne recoupe la structure et le contenu ne serait ce que d’un pouce. Jesu est planant et lourd… Le genre d’énigme qui me font penser en parallèle avec mes névroses x-filiennes, à une graine de tournesol qu’il faut ouvrir avec délicatesse sous la dent, autant de fois que nécessaire, comme le faisait ce cher Mr Mulder.

Uzi

Jesu

Publicité
Commentaires
Publicité
Publicité